Les druides pratiquaient-ils les sacrifices humains ?

D’après les Romains, les Druides pratiquaient des sacrifices humains. Strabon écrit ainsi :

« Il était d’usage, par exemple, que le malheureux désigné comme victime reçût un coup de sabre [à l’endroit des fausses côtes,] puis l’on prédisait l’avenir d’après la nature de ses convulsions [et cela en présence des Druides], vu que jamais ils n’offraient de sacrifices sans que des Druides y assistassent. On cite encore chez eux d’autres formes de sacrifices humains : tantôt, par exemple, la victime était tuée [lentement] à coups de flèches, tantôt ils la crucifiaient dans leurs temples, ou bien ils construisaient un mannequin colossal avec du bois et du foin, y faisaient entrer des bestiaux et des animaux de toute sorte pêle-mêle avec des hommes, puis y mettant le feu, consommaient l’holocauste. »

Strabon, Géographie (IV, 4, 5)

Une histoire réécrite

Comme toujours, il faut se méfier de l’histoire, lorsqu’elle est écrite par les vainqueurs. Les traces écrites des sacrifices druidiques ne sont peut-être rien d’autre que de la propagande anti-druidique. Jules César et ses comparses qui lui succédèrent avaient de bonnes raisons de donner une mauvaise image des druides, car, après tout, ils représentaient tout ce que Rome tentait de combattre : la résistance à l’envahisseur, l’indépendance face à la culture et la religion romaine. S’il parvenait à prouver que les Celtes se livraient à des pratiques aussi barbares, cela justifiait que Rome intervienne dans les affaires de la Gaule et de la Bretagne.

En Picardie, des fouilles archéologiques sur les sanctuaires de Gournay-sur-Aronde et Ribemont-sur-Ancre ont révélé que ces sacrifices humains n’en étaient pas vraiment puisque les suppliciés étaient en fait des condamnés à mort ou des prisonniers de guerre. Par ailleurs, ces pratiques décrites par César et Strabon avaient déjà disparues à leur époque. Les deux auteurs romains n’ont pas été témoin de ces sacrifices, mais n’ont fait que rapporter ce qu’ils ont lu (probablement Posidonius, un siècle avant eux).

Les druides et les sacrifices

Les druides présidaient à toutes sortes de cérémonies religieuses dans les communautés celtiques. Les offrandes étaient faites sur des sites naturels importants tels que les rivières, les sources, les lacs et les tourbières. Les sommets des collines et les bosquets d’arbres sacrés, en particulier les chênes, étaient également le théâtre de rituels. Tous ces endroits étaient considérés comme des lieux de rencontre entre le monde physique et le monde surnaturel. Des prières étaient prononcées et de la nourriture, des armes et des biens précieux étaient rituellement offerts aux dieux.

Après une bataille, les guerriers ennemis capturés étaient parfois sacrifiés aux dieux. Les sacrifices d’animaux et d’humains étaient soit offerts comme un grand cadeau et destinés à apaiser les nombreuses divinités celtiques, soit tués à des fins de divination. Les victimes, qu’il s’agisse d’animaux ou d’êtres humains, étaient soigneusement observées pendant leur mort, car les druides tentaient d’interpréter leur agonie, les jets de sang ou même la façon dont elles tombaient au sol afin d’éclairer l’avenir. Nous connaissons une de ces victimes possibles, connue sous le nom de « Lindow Man », découverte à Lindow Moss, une tourbière près du Cheshire en Angleterre. Son exemple illustre le soin qui était apporté aux victimes avant leur ultime voyage dans l’Autre Monde. « Lindow Man » a vécu au plus tard au tournant du 1er et du 2e siècle de notre ère. Il avait des ongles manucurés, il était en bonne santé et son estomac contenait du gui et des gâteaux d’avoine brûlés. Il est mort suite après avoir été frappé à la tête, étranglé et égorgé. Cette façon de faire était courante pour les meurtres rituels. Le cadavre était ensuite mis dans l’eau pendant un certain temps, puis enterré.

Les druides auraient également présidé des cérémonies funéraires plus pacifiques. Les preuves archéologiques montrent clairement que les Celtes croyaient en une vie après la mort et les druides ont peut-être propagé l’idée que l’âme quittait le corps pour réapparaître dans un autre après la mort. Lors des enterrements, comme ceux des grands guerriers et des souverains, les individus étaient enterrés avec leurs armes et des objets précieux comme des bijoux en or. Les alternatives à l’inhumation étaient les crémations et les excarnations, où le cadavre était laissé exposé aux éléments pendant un certain temps, puis les ossements étaient enterrés ou conservés pour de futures cérémonies religieuses.

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