Une brève histoire des bijoux celtiques

L’Europe pré-celtique (4400 – 1400 avant J.-C.)

Le terme « celte » est utilisé pour désigner les habitants de l’Europe de l’âge du fer. On pense souvent à tort que les Celtes ne désignent que les habitants de l’Europe de l’Ouest, voire de l’extrême ouest de l’Europe, mais c’est une erreur. La civilisation celte serait d’ailleurs née dans l’actuelle Autriche (culture de Hallstadt). En fait, quand on parle des Celtes, on parle de l’ensemble des tribus qui présentent certaines similitudes dans leur langue, leur culture, leurs outils, mais aussi dans leurs bijoux.

Loin de la Méditerranée

On pourrait avoir l’impression que tous les bijoux antiques proviennent de l’ancien monde méditerranéen et de l’Asie mineure : bijoux égyptiens, étrusques, grecs et romains. Mais il y avait aussi une certaine activité dans ce domaine au nord des Alpes. En fait, les plus anciens bijoux en or connus ont été découverts à Varna, dans l’actuelle Bulgarie. Les objets trouvés dans les tombes de cette ville remonteraient à 4 400 ans av. J.-C. ! En raison de leur position géographique éloignée de la Méditerranée, les cultures du nord et du centre de l’Europe ont développé un style indépendant.

Torque en or, découvert dans la tombe de Vix, 460 av. J.-C. (Musée du Pays châtillonnais, CC-By Rosemania)

Des bijoux de prestige

Au cours de l’âge du bronze, les différences sociales se sont accrues et afficher son statut est devenu quelque chose d’important si l’on appartenait aux plus hautes classes sociales. Les vêtements et les bijoux ont été l’un des moyens de souligner ces différences, d’où la présence de « bijoux de prestige » dans les tombes des chefs et des seigneurs de guerre des premières civilisations européennes. Ce phénomène s’est produit simultanément dans différentes régions de toute l’Europe durant l’âge du bronze.

L’une de ces régions était les îles britanniques qui étaient riches en or alluvionnaire (c’est-à-dire déposé par le mouvement de l’eau). Nous pouvons y observer un fort développement de la fabrication de bijoux au cours de l’âge du bronze. On utilisait notamment l’or, le bronze, l’ambre, le jais et le schiste. L’or était martelé en feuilles et décoré de motifs en relief semblables à ceux que l’on trouve sur les poteries de cette période : motifs en zigzag, triangles et losanges.

L’utilisation du cuivre, puis du bronze, a nécessité des techniques de moulage. Le bronze n’est pas aussi malléable et ductile que l’or. C’est pourquoi les premiers bijoux en bronze étaient beaucoup plus simples dans leur forme et moins détaillés. Le martelage du bronze sur une feuille était cependant pratiqué occasionnellement.

Le jais était utilisé pour fabriquer toutes sortes d’ornements, notamment des perles d’écartement et des perles biconiques utilisées dans les colliers. L’artisanat de la sculpture du jais atteignait des formes extrêmement élevées et des techniques de pointillé étaient utilisées pour décorer le produit. On pense qu’une bonne partie des ornements en jais trouvés sur le continent européen ont été produits dans les îles britanniques. Il en va de même pour certains bijoux en or.

Âge du bronze tardif (1400 – 1200 av. J.-C.)

Des techniques plus poussées

La longue tradition du travail des métaux a posé des bases solides pour les périodes à venir. À la fin de l’âge du bronze, de nouvelles techniques ont été développées, comme le moulage de l’or, la fabrication de fils et la torsion de barres. L’amélioration des techniques de moulage a permis la création de bijoux plus complexes au niveau de leur forme. On trouve davantage de détails sur les pièces moulées de la fin de l’âge du bronze qui sont le résultat de moules d’argile complexes. De nouveaux matériaux, tels que le verre, sont utilisés pour les perles. La continuité de la tradition se retrouve dans la popularité de l’ambre, du jais, du bronze et de l’or et dans l’utilisation de la ciselure pour décorer le travail du métal.

Des types de bijoux variés

Les bijoux de l’âge de bronze étaient variés. On retrouve principalement des torques, des colliers enfilés, des bracelets et des boucles d’oreilles. Mais l’art de la bijouterie s’étend aussi aux vêtements et à la décoration des cheveux. Les fibules sont devenues l’une des formes les plus courantes de bijoux et leur fabrication a été rendue possible par le développement du fil d’or.

Bracelet spiralé. Or, France du Sud-Ouest, Ve-IIIe siècles av. J.-C.

L’Europe celtique : l’âge du fer (1200 avant J.-C. – 400 après J.-C.)

Les sites funéraires de l’âge du fer nous montrent des cadavres entièrement habillés. Cela nous permet de nous faire une idée détaillée des bijoux portés à cette époque. Le type de bijou le plus répandu était l’épingle utilisée pour fixer les vêtements : la fibule. Le plus souvent en bronze mais aussi en fer, en argent et en or, cette attache de vêtement est retrouvée en grand nombre. Les anneaux de doigts et d’orteils étaient rares, plus courants étaient les bracelets en bronze et certains en or et en argent, ainsi que les brassards massifs en bronze, coulés selon la technique de la cire perdue et décorés d’émail et de verre. L’émail rouge était particulièrement populaire chez les Celtes. Les torques sont un autre ornement typique trouvé dans les tombes celtiques, principalement celles des femmes. Cet objet est passé d’un simple anneau en fer à des anneaux de cou en or décorés de manière élaborée.

Les influences romaines sont visibles bien avant la conquête romaine des terres celtes, mais après la défaite des armées celtes au Ier siècle av. J.-C. et le début de la marche romaine vers le Rhin et les îles britanniques, la « romanisation » complète des Celtes était actée. La « haute société » celte a commencé à agir, à s’habiller et à parler comme des Romains et les dernières tendances de la capitale de l’Empire se sont répandues jusqu’en Europe du Nord. Les anneaux de doigt, les colliers de chaînes et les boucles d’oreilles se sont répandus dans ces régions du monde et sont devenus assez populaires. De nouveaux matériaux tels que les pierres précieuses et l’argent sont également introduits. Mais tout n’était pas nouveau, certaines caractéristiques celtiques typiques sont encore reconnaissables dans les bijoux du premier quart du premier millénaire, comme l’utilisation de l’émail et les motifs de nœuds celtiques typiques. Les anciens styles ont fusionné avec les nouveaux pour produire un style gallo-romain.

Torque à tampons en bronze, trouvé à Somme-Suippe (Marne, fin du IVe siècle av. J.-C)

Les bijoux celtiques aujourd’hui

Aujourd’hui, quand on utilise le terme « bijoux celtique » pour désigner des bijoux contemporains, on devrait plutôt parler de « bijoux d’inspiration celtique« . Il s’agit de colliers, pendentifs, bagues, boucles d’oreilles, bracelets, aux motifs celtiques divers, et dans des matériaux durables comme l’argent ou l’acier inoxydable.

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